Approcher le divin
Comment devrions-nous approcher la divinité ? Librement, sauvagement ? Ou avec prudence ?
Eh bien, cela dépend d’où nous venons.
Chemin dualiste
Dans les chemins dualistes, une distance est créée entre nous (les profanes) et Dieu (le divin). Dieu est avant tout considéré comme un être tout-puissant extérieur à l'homme — au-dessus de tout, même des lois de la nature.
Dans la pensée dualiste, notamment dans les religions monothéistes, il existe souvent l'idée que les mortels doivent approcher le divin avec prudence, décourageant même toute aspiration à incarner des qualités divines.
Les humains sont appelés à se placer dans une relation de subordination et d'humilité devant le divin. Ils ne doivent pas chercher à devenir Dieu, ni à percevoir le divin en eux-mêmes. Cela peut être vu comme une tentation de l'ego humain de s'approprier ce qui est réservé à Dieu seul, un acte perçu comme un péché contre la pureté du monothéisme et contre la majesté divine. La reconnaissance du divin nécessite donc un acte de dévotion, de prière et d'obéissance aux lois divines transcendantes, plutôt qu'une expérience spirituelle cherchant à fusionner l'homme et le divin.
Chemin non-dualiste
Dans la non-dualité, il n'y a pas de pont, pas de séparation. Le divin est en vous, dans le monde qui respire, dans chaque être vivant. Les spiritualités non-duelles parlent de la divinité comme d'un principe qui existe fondamentalement à l'intérieur. Dieu serait présent en chacun de nous, dans la nature qui nous entoure et comme une loi universelle régissant l'équilibre du monde.
La non-dualité insiste sur l'unité et l'interdépendance des phénomènes de l'Univers. L'illumination permettrait de prendre conscience de l'indivisibilité et de l'interconnexion des êtres et des choses dans le monde et du caractère changeant et fluide de la réalité.
La conception duale d'une nature divisée en éléments distincts serait alors qualifiée d'illusion. Pour le non-duel, la dualité est une illusion.
Chemin de la divinisation
Certaines traditions et philosophies encouragent l'humanité à transcender ses limitations et à rechercher la divinité en elle-même. Ces enseignements proviennent souvent de traditions mystiques ou ésotériques, telles que la tradition hermétique, les gnostiques, ou même certaines philosophies orientales comme le Tantra ou le Daoïsme. Dans ces cadres, les humains ne sont pas seulement appelés à se soumettre à une puissance divine mais sont vus comme ayant le potentiel de devenir divins eux-mêmes. Cette perspective considère souvent l'expérience humaine comme un voyage vers l'auto-réalisation et l'unité avec l'essence divine. En surmontant l'ego, en transcendant la souffrance et en éveillant son soi supérieur, les individus sont encouragés à devenir des co-créateurs avec le divin, voyant le divin non seulement comme une force externe mais aussi comme une force de transformation à l'intérieur de leur propre être. Ce chemin peut être plus fluide, axé sur l'éveil du potentiel divin latent plutôt que sur la soumission à une divinité externe.
L'hindouisme, le soufisme et le bouddhisme, dans beaucoup de leurs traditions et enseignements, encouragent les humains à reconnaître leur divinité potentielle et à cultiver des qualités divines en eux-mêmes.
Cela ne signifie pas chercher à devenir des dieux au sens littéral, mais plutôt reconnaître l'essence divine qui existe déjà en nous et chercher à incarner les qualités qui reflètent une conscience spirituelle supérieure.
Divinité inhérente et bijoux
Même si cela peut échapper à notre perception immédiate, les ornements tissent pourtant une part essentielle de cette histoire. Depuis l'Antiquité, les rois et les reines se paraient de bijoux pour se rapprocher du divin ou même pour devenir divins eux-mêmes.
Les bijoux anciens étaient des vecteurs puissants de connexion avec le divin, où pureté, éclat et sacralité se fusionnaient. Grâce à leur pouvoir de traverser les âges, certains métaux portaient la promesse de « vie éternelle », ornés de formes, d’emblèmes et de symboles sacrés. Chargés rituellement, ces ornements devenaient des instruments de transformation, opérant à travers ceux qui les revêtaient.
Dans de nombreuses cultures, les bijoux étaient des symboles de pouvoir, de statut et de sacralité, considérés comme des canaux d'énergie divine ou des portes vers le monde spirituel. Ils ornaient souverains et divinités, leur permettant de refléter leur connexion aux royaumes supérieurs. Ces ornements ne se limitaient pas à la décoration mais étaient profondément imbriqués dans les pratiques spirituelles et les croyances, souvent imprégnés de qualités magiques ou protectrices et ornés de symboles sacrés représentant dieux, déesses et éléments cosmiques.
À travers ces diverses cultures, les bijoux n'étaient pas seulement des ornements physiques mais des outils spirituels, incarnant le pouvoir spirituel et reflétant la relation de l'individu avec des forces supérieures.
Le bijou comme expression moderne de la sacralité
Dans notre monde moderne, l'art de l'ornementation continue de revêtir une grande importance. En portant des bijoux avec intention, nous devenons des autels vivants, des expressions extérieures de transformation intérieure et de connexion au sacré. En portant des pièces qui ont une signification personnelle ou spirituelle, nous incarnons notre propre sacralité.
Les bijoux, tout comme dans l'Antiquité, ont le pouvoir de canaliser de l'énergie, de protéger et de refléter nos valeurs, croyances et notre connexion à quelque chose de plus grand que nous.
Tout comme nos ancêtres, nous utilisons les ornements pour signaler notre voyage intérieur et pour manifester notre identité spirituelle. En ce sens, les bijoux ne sont pas seulement quelque chose que nous portons, mais quelque chose que nous vivons, nous aidant à incarner l'énergie divine que nous recherchons.
L'ornementation devient donc un outil de transformation personnelle, une opportunité de porter notre divinité de la manière la plus sacrée et intime qui soit.
Divinité inhérente : un concept divers
Le concept de divinité inhérente est sujet à diverses interprétations. La perspective sur le divin peut grandement varier parmi les différentes traditions et points de vue individuels. C'est cette diversité d'interprétations qui la rend encore plus fascinante.
De mon point de vue personnel, me sentir profondément connecté au divin me lie encore plus fermement à cette existence. J'ai confiance. Au milieu du chaos, nous pouvons trouver la sacralité partout. Que ce soit à travers le silence, la beauté, ou les connexions, la divinité est présente — non pas comme quelque chose de lointain et d'inaccessible, mais comme une réalité omniprésente dont nous faisons partie, que nous reflétons et que nous cherchons sans cesse à comprendre. En reconnaissant cela, nous pouvons vivre avec intention, créant beauté et sens dans le monde qui nous entoure.
© NOIR KĀLA
Sources :
Sophie L. B. E. MSpira, Adornment and Identity: The Role of Jewelry in Ancient Cultures, 2011
Susan B. Levitan, The Sacred and the Profane: Jewelry in Ancient Civilizations, 2005
Rupert Spira, The Essence of Non-Duality: Exploring the Nature of Reality, 2017
Photographie : Bianca Des Jardins
