Tout est préparé pour vous. Votre chemin est droit devant vous. Parfois, c’est invisible, mais c’est là.
Ce n’est pas le chemin choisi, c’est le chemin tracé.
Vous ne savez pas où cela va, mais vous devez suivre ce chemin. C’est le chemin vers le créateur. C’est le seul chemin qui existe.
Le pacte avec l’Esprit
Le pacte avec l’Esprit est l’accord tacite entre le soi et le plus grand que soi : l'Esprit, le destin, l'âme, la sagesse. Ce pacte implique souvent une transformation intérieure, où l’acceptation des épreuves devient le terreau fertile de la sagesse.
La promesse n’est pas faite vers l’extérieur, mais répond à l’appel de notre propre esprit. L’individu devient le canal de l’Esprit, agissant selon sa vérité la plus intime, tout en étant profondément connecté à ce qui le dépasse.
Ce pacte nous relie à des forces invisibles qui nous aident à découvrir notre vocation, à trouver notre place dans le monde et à nous reconnecter à ce qui nous lie aux autres et à l’univers tout entier.
La mémoire de l’âme à naître
« Pendant des siècles, nous avons cherché le terme juste pour cet “appel”. Les Romains l'appelaient votre 'génie' ; les Grecs, votre 'daimon' ; et les Chrétiens, votre ange gardien. Les Romantiques, comme Keats, disaient que l'appel venait du cœur, et l'œil intuitif de Michel-Ange voyait une image dans le cœur de la personne qu'il sculptait. Les néoplatoniciens se référaient à un corps imaginal, l'‘ochema’, qui vous portait comme un véhicule. C'était votre porteur personnel ou soutien. Pour certains, il s'agit de Dame Chance ou Fortuna ; pour d'autres, d'un génie ou d'un jinn, d'une mauvaise graine ou d'un mauvais génie. En Égypte, cela pourrait être le 'ka', ou le 'ba' avec lequel vous pouviez converser. Parmi les peuples que nous appelons Eskimos et ceux qui suivent des pratiques chamaniques, c'est votre esprit, votre âme libre, votre âme animale, votre souffle-âme. »
― James Hillman, The Soul's Code: In Search of Character and Calling
Quelle est cette voix inaudible qui guide ? Certains l’appellent Dieu, intuition, troisième œil. Certains l’entendent, d’autres la camouflent.
Nous oublions ce que nous avons connu en tant qu’âme à naître, et nous passons le reste de notre vie à essayer de nous en souvenir.
Les transformations que nous vivons au cours de notre vie ont la double fonction de nous aider à nous souvenir ce que nous avons oublié et de nous préparer à notre voyage de retour vers notre Créateur, vers notre Créatrice, notre Ciel.
La vie ici est un voyage de retour vers cet état primordial, un chemin de rédemption ou de retour à la source. C'est où je dois aller. C’est ce que je dois faire. C'est ce que je suis.
Les transformations personnelles sont des catalyseurs nous aidant à retrouver la mémoire oubliée de notre essence divine.
La voie de l’intuition accorde des bénédictions. L’intuition donne existence à ce qui doit et maintient en vie tout ce qui est perçu. Dans la perception dort la Vérité de l’Imagination.
Chaque changement, chaque épreuve, chaque joie – joue un rôle dans ce processus d’éveil. Un processus de redécouverte par lequel nous retrouvons notre véritable nature, celle qui est en lien direct avec tout ce qui nous était destiné.
Chacun de nous est une pierre à polir pour entrer dans l’architecture du monde.
Se reconnecter avec le soi primitif perdu, souvent réprimé par les attentes culturelles et sociétales, est une réappropriation de ce que nous sommes. Les mythes, symboles et histoires archétypales nous aident à accéder à nos profondeurs inconscientes.
On l’appelle la voix profonde de l’âme ou notre destinée tracée oubliée. Un passage dans les entrailles du Monde, dans les entrailles de notre psyché.
On ne peut voir la lumière sans l'ombre,
on ne peut percevoir le silence sans le bruit,
on ne peut atteindre la sagesse sans la folie.
Ce n'est pas en regardant la lumière qu'on devient lumineux, mais en plongeant dans son obscurité. Mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire.
[Jung]
L’ombre et l’individuation
« Le sens est invisible, mais l'invisible n'est pas contradictoire du visible : le visible lui-même a un cadre intérieur invisible, et l’invisible est la contrepartie secrète du visible. »
— M. Merleau-Ponty, Le Travail
L'ombre est le voile invisible derrière lequel sommeille un Monde sombrement splendide d'instincts, de fantasmes et de pulsions débridées qui peuvent créer toutes sortes d'extases. Plus important encore, l'ombre est empreinte de vie brute, alimentant l'individuation lorsqu'elle est embrassée correctement.
L’ombre révèle des parties de nous-mêmes que nous souhaitons dissimuler. Des aspects refoulés nous confrontant à nos imperfections, notre vulnérabilité.
En ce sens, l'ombre apporte l'humilité. La racine latine du mot "humilité" vient de "humilis", qui signifie "bas" ou "modeste". Ce terme est lié à "humus", qui signifie "terre" ou "sol", suggérant l'idée de se tenir bas ou près de la terre, symbolisant la modestie et la reconnaissance de sa place dans le monde.
En ce contexte, l'ombre nous connecte à notre propre enracinement. Il est donc dangereux de se détacher trop de notre ombre, car nous perdons alors le contact avec nos racines.
Lorsque nous entrons en relation avec notre ombre, nous réalisons qu’elle n’est souvent pas aussi sombre qu’on le redoutait. Les instincts primaires qui résident en nous trouvent des expressions symboliques, permettant à ces énergies d’avoir une place à la fois en nous et à l’extérieur de nous.
Valser avec l’ombre est la liberté glorieuse, l’affranchissement des contraintes. Ce feu a besoin d’un refuge, d’un espace où exister.
Nous avons besoin de l’ombre pour parvenir à notre propre individuation. Nous avons besoin de l’ombre pour atteindre notre complétude.
Comme le disait Joseph Campbell : "La caverne que vous craignez d'entrer renferme le trésor que vous cherchez."
"Je dois avoir un côté sombre aussi si je veux être entier ; et depuis que je suis devenu conscient de mon Ombre, je me souviens aussi que je suis un être humain comme les autres."
— Carl Jung
© NOIR KĀLA
Michael Meade, The Soul’s Code: In Search of Character and Calling, 1996
Carl Jung, Memories, Dreams, Reflections, 1961
Joseph Campbell, The Hero with a Thousand Faces, 1949
James Hillman, The Soul’s Code: In Search of Character and Calling, 1996
Photographie : Bianca Des Jardins
